IRYANA
Le vent balayait l’herbe de la clairière éclairée par la lumière du soleil levant. C’était le premier jour du printemps. Les arbres étaient en fleurs, mille parfums entêtants emplissaient l’air environnant. Soudain, surgissant de la forêt, un cheval – et son cavalier – s’engagea sur la plaine. Sa robe blanche éclatait de mille feux grâce à la lumière orangée du soleil et son galop silencieux le faisait presque voler.
Son cavalier était un jeune Elfe de 17 ans. Son visage fin, encadré par deux mèches de ses cheveux bruns mi-longs, était éclairé d’un sublime sourire enjoué et dans ses yeux d’acier brillait l’insouciance de la jeunesse d’un garçon pas tout à fait homme mais plus enfant.
Sanayel savait monter depuis qu’il avait cinq ans mais ce n’était que le jour d’avant, son anniversaire, que son père lui avait offert son premier étalon rien qu’à lui. Alors il avait décidé de le monter pour la première fois lors de sa ballade en forêt du jour. Il ne le regrettait pas. Et il ne le regretterait jamais.
Parce qu’à ce moment, il ne savait pas que sa vie allait changer grâce à ce cheval.
Grâce à cette ballade.
Il s’était levé quelques heures plus tôt, sans faire le moindre bruit pour ne pas réveiller son frère qui couchait dans la même chambre que lui. Sanayel affectionnait particulièrement les balades de nuit, parce qu’il était seul et en paix.
Il était donc sorti seller son cheval Astrias, jeune étalon fougueux de deux ans. Quand il entra dans l’écurie, Astrias l’attendait de pied… de sabot ferme, comme s’il savait déjà ce que son maître avait prévu. Sanayel ne se lassa pas de parler à son cheval et il l’accompagna dehors en lui murmurant de belles choses à l’oreille. Arrivé à la lisière de la forêt, il le chevaucha. Ils s’enfoncèrent profondément dans la forêt, Sanayel voulant admirer le lever du soleil sur la plaine, à une cinquantaine de kilomètres du village.
Il galopait à toute allure depuis près d’une heure quand ils atteignirent la plaine. Le soleil se levait juste. Le jeune Elfe arrêta son cheval. Admira le lever de soleil. Il fut ébloui un instant par son éclat.
Ce qui expliqua qu’il n’arriva pas à prendre le contrôle de son cheval quand ce dernier s’emballa.
L’animal cabra et se précipita en avant.
- Oh, doucement ! s’écria Sanayel en attrapant les rênes.
Il n’eut pas le temps de tirer. Son cheval venait de se stopper brutalement. Rompu à ce genre d’exercices, son cavalier ne chuta pas, même s’il fut sauvagement balloté. Il leva la tête. Astrias l’avait amené à l’autre bout de la plaine, là où la forêt s’étendait de nouveau. Et là où un jeune loup était allongé.
Sanayel descendit. Son peuple li avait appris à se méfier des loups, mais celui-là, il ne pouvait pas. Une sorte de force l’attirait inexorablement. Le flanc droit du loup avait été profondément blessé par ce qui lui semblait être une lance.
Le garçon s’approcha et soupira de soulagement quand il s’aperçut que l’animal respirait. Il posa sa main au creux du cou du loup pour prendre son pouls quand soudain, une lumière enveloppa l’animal. Sanayel recula, puis de figea. Ce n’était pas un loup, c’était une Lufa ! Une créature mi-humaine, mi-loup ! L'Elfe la détailla rapidement.
C’était une jeune d’à-peine 16 ans. Ses cheveux mi-longs de couleur bleu entouraient un visage fin et blanc et était percé par deux oreilles de loup. Ses yeux clos ne lui permettaient pas de voir la couleur de ses iris. Une grande queue de loup lui était restée au niveau du coccyx et des ailes majestueuses lui étaient poussées dans le dos. Elles étaient recouvertes de fourrure de loup, tout comme son dos, son cou, l’arrière de ses jambes et de ses bras, et ses flancs. Elle était vêtue d’une simple et courte jupe fendue sur les deux côtés de couleur bleue et dont les contours étaient gris. Son haut, des mêmes couleurs, lui cachait la poitrine et une manche s’étendait sur son bras droit.
Elle était couchée sur son flanc gauche, et la blessure occupait son flanc droit. Un mélange de sang coagulé, de sang frais et de poils de loup coulait sur tout son côté et sur l’herbe.
Sanayel la contempla un instant puis la prit dans ses bras pour la ramener au village. Ses compétences en magie ne lui permettaient pas de la soigner sur place, et il ne pouvait se résoudre à abandonner pareille créature sur place. Il la plaça sur son cheval, et monta à sa suite. Puis il talonna Astrias, espérant arriver au village avant que ce ne soit trop tard.